lundi 14 mai 2012

Dark Shadows.

http://seance-cinema.cowblog.fr/images/affichesdefilms/DarkShadows.jpgDark Shadows,
réalisé par Tim Burton.
1h53min.
Sorti en 2012.


Avec : Johnny Depp, Eva Green, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, Chloe Moretz, Bella Heathcote, Jonny Lee Miller...


Petite info :  ce film a été inspiré de la série tv du même nom, réalisée par Dan Curtis, dont Tim Burton était fan dans sa jeunesse. Film et série ont été par la suite repris par Lara Parker dans une série de romans mettant en scène l'antagoniste principale : la dangereuse et séduisante sorcière Angélique Bouchard...






Synopsis :


Ce long-métrage relate les mésaventures fantastiques de la famille Collins, vivant dans l'immense et sinistre demeure de Collinwood, et dont l'un des principaux membres n'est autre que le redoutable vampire Barnabas.


Mon avis :


Après ma déception suite au dernier Burton, Alice au Pays des Merveilles (dans le sens où j'ai plus senti la patte de Disney que celle de Burton), j'étais impatiente de savoir ce qu'il avait prévu pour la suite. Alice in Wonderland a été jusque là ma seule déception, sinon, j'ai été enchantée parce ce que j'ai vu de Tim Burton, il a un univers tellement particulier... je ne savais, en revanche, quoi penser de Dark Shadows, mais au final, en allant au cinéma aujourd'hui, je suis ressortie de ce film satisfaite et agréablement surprise. Certes pas le meilleur Burton que j'ai pu voir, mais un bon Burton ! J'ai passé un agréable moment et c'est un film que je me procurerais bien une fois sorti en DVD.


L'histoire débute en 1760 à Liverpool. Les Collins, avec leur fils Barnabas, quittent leur Angleterre natale pour s'installer dans le Nouveau-Monde, dans une région du Maine où ils décident de fonder la ville portuaire de Collinsport, en créant aussi une industrie de pêche si florissante qu'ils décidèrent de s'installer définitivement. En quinze ans se construit le château Collinswood, étrange mélange entre l'architecture européenne et celle du Nouveau-Monde. Barnabas grandit pour devenir un très beau jeune homme dont une des servantes, Angélique Bouchard, ne peut s'empêcher de tomber amoureuse. Seulement, le brun ténébreux repousse ses avances et décide d'épouser la femme dont il est épris, Josette. Folle de rage et de jalousie, Angélique décide de se venger. Il s'avère qu'elle est une sorcière et elle entend bien user de ses dons pour se venger des Collins, à commencer par son bien-aimé Barnabas qu'elle transforme en vampire et qu'elle condamne à être enterré vivant dans un cercueil, sous terre pour toute l'éternité. Mais voilà que deux siècles plus tard, en 1972, le vampire est libéré de sa tombe accidentellement. Plongé dans une époque qui lui est inconnu, il découvre son château en ruine et la famille Collins qui a perdu de sa superbe, et son prestige dans les affaires portuaires. Barnabas décide de réparer l'injustice en se vengeant de celle qui l'avait maudit lui et sa famille, de redorer le blason des Collins et de briser la malédiction...


Un film qui m'a plus dès les premières minutes. Surtout, tout d'abord, par son ambiance. On retrouve bien le côté décalé de Tim Burton, on sent bien sa patte dans le film, avec un petit côté sombre et dramatique, un peu d'humour simple mais qui fonctionne, du surnaturel, des personnages intéressants, loufoques pour certains. Ce mélange vampire/sorcière/fantômes qui me fait beaucoup avec un vrai vampire qui boit du sang humain, qui se brûle au soleil, qui dort dans des cercueils le jour, avec une sorcière bien cruelle, maléfique, perfide et des fantômes tourmentés, avec un loup-garou vers la fin. Des personnages joués par de bons acteurs, à commencer avec Johnny Depp qui s'est bien imprégné dans le rôle du vampire Barnabas, toujours coincé vestimentairement, psychologiquement et au niveau du langage, au XVIIIe siècle. C'est surtout sur le personnage de Barnabas que le film se centre et c'est un plaisir de le suivre. N'oublions pas Eva Green, parfaite dans le rôle de la sorcière bien garce qu'on aime détester, qui n'a pas pris une ride depuis le XVIIIe siècle mais qui a eu l'étrange idée de se teindre en blonde (je la préférais en brune), et quelle ironie pour une sorcière si vengeresse de se nommer Angélique (prénom signifiant digne d'un ange ou pareil à un ange) ; nous avons aussi une Helena Bonham Carter en rouquine, psychologue de son état, Michelle Pfeiffer très bien en matriarche de la famille Collins, et les autres acteurs étaient tout aussi bons.


Ce fut un plaisir de découvrir cette famille étrange, assez décalée. Si la chef de famille est relativement normale, et son frère aussi mais plein de défauts, le reste est une autre histoire, surtout pour les deux enfants Collins [ David, le fils, qui peut voir les fantômes, dont celui de sa mère morte en pleine mer ; Carolyn, mordue par un loup-garou quand elle était encore dans le berceau ] mais malgré leur particularité, ils restent attachant, David l'adorable petit garçon et Carolyn, l'adolescente typique qui s'enferme dans sa chambre, qui est fan de rock, qui est parfois en conflit avec la famille même si la révélation de sa "nature" en fin de film est tombée comme un cheveu dans la soupe. Les serviteurs étaient bien aussi, de Willie l'homme à tout faire à Mme Johnson la vieille femme de ménage, sans oublier la petite nouvelle : Victoria, la gouvernante de David, qui a elle-aussi un don particulier et un lourd passé derrière elle. Bref, une panoplie de personnages tous très intéressant, voire drôle pour certains, dommage tout de même que le film ne dure pas assez longtemps pour tous bien les exploiter car le film se centre surtout sur Barnabas et Angélique, leur duel, et on a bien quelques flash-back du passé de Victoria qui conte sa vie au vampire. C'est bien parce que Tim Burton n'aurait pas eu le temps de tout faire, sans cela ça aurait été intéressant de voir certains personnages mieux exploités [ comme la romance Barnabas/Victoria-Josette, comme David et son don de voir et parler aux fantômes, comme Carolyn qui cache sa nature de loup-garou à la famille... ] car le film a beaucoup de potentiel et de bonnes idées, si Tim Burton aurait eu le temps de toutes les exploiter, le film aurait été super, mais je comprends qu'il n'ai pas eu assez de temps, le film fait pratiquement deux heures, c'est déjà beaucoup. Mais on peut toujours pousser notre imagination au-delà du film avec les bonnes idées et ce qui ne fut pas assez exploité :)

J'ai beaucoup aimé le décors, également, ainsi que le décalage entre le XVIIIe siècle et les années 1970. C'est l'un des côtés comiques du film, avec un Barnabas qui découvre le XXe siècle, la technologie, les hippies (les hippies... de sacrés personnages, surtout quand ils planaient), mais Barnabas qui découvre la télévision, les routes goudronnées (avec une petite ressemblance avec Les Visiteurs), les moeurs... Bref, drôle, gothique et déjanté. A déconseiller quand même aux plus jeunes pour vision de sang et sous-entendus sexuels. A part ça, j'ai beaucoup aimé de film à la fois gothique et divertissant, qui nous offre des personnages intéressants, des 'créatures' surnaturelles [ avec mention spéciale aux fantômes dont l'un répète sans cesse sa mort, et le second, la maman de David, qui a sû mettre KO la sorcière avec, je me plais à le croire, toute la force de l'instinct maternel ], un bon scénario, une belle brochette d'acteurs et de bonnes idées même si certaines pas assez exploitées. Pour ma part, ça reste un bon Burton, ça m'a fait du bien de revoir un film typiquement Burton !




http://seance-cinema.cowblog.fr/images/photosdefilms/DarkShadowsbyTB.jpg



Barnabas Collins (Johnny Depp) et Elizabeth Collins Stoddard (Michelle Pfeiffer).

Black Swan.


Black Swan,
de Darren Aronofski.
1h43min.
Sorti en 2010 (US) / 2011 (Fr)


Avec : Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, Winona Ryder, Benjamin Millepied...






/ ! \ Attention, billet rempli de spoilers, dont certains non-cachés, ne lisez pas ce billet si vous voulez découvrir le film, vous risqueriez de tomber sur des spoilers ;) / ! \







Synopsis :

Rivalités dans la troupe du New York City Ballet. Nina est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes que dirige l’ambigu Thomas. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily...




Mon avis :



Ce film faisait parti de ma wish-list depuis bien des mois, mais j'hésitais toujours à me l'acheter en DVD, j'avais peur que finalement ça ne me plairait pas assez, malgré tous les bons échos (quand on entend autant d'avis plus qu'élogieux sur un film, on s'attend à un chef d'oeuvre, on a des attentes et au final, on ressort souvent déçu), et je n'avais pas envie de claquer une vingtaine d'euros pour un film que je n'étais pas sûre d'adorer. Mais j'ai eu ma chance lorsqu'une chaîne câblée le diffusait, j'ai sauté sur l'occasion pour enfin le visionner. Alors, verdict ?


D'abord, concernant ce film, je n'ai pas trouvé un seul résumé qui soit pareil, ainsi ai-je pris celui de
SerieBox qui, pourtant, ne reflète pas tout le film. Je vais donc en faire mon propre résumé. C'est l'histoire de Nina Sayers, une jeune danseuse timide, discrète mais douée, qui consacre une grande partie de sa vie à la danse. Son désir le plus cher serait de décrocher un rôle important dans un spectacle de danse, ainsi elle met tout son coeur, toute son âme, toute sa volonté et son acharnement à s'entraîner pour obtenir le beau rôle dans le nouveau spectacle de Thomas Leroy qui a décidé d'adapter le très célèbre ballet russe de Tchaïkovski, Le lac des cygnes. Si Thomas pense que Nina pourrait jouer le rôle du cygne blanc : Odette à la perfection, elle n'a, en revanche, aucune assurance ni aucune sensualité pour incarner sa jumelle maléfique, Odile, le cygne noir. Or, lorsqu'on joue le cygne blanc, on doit aussi jouer le cygne noir. Voulant persuader Thomas qu'elle peut incarner les deux, d'avoir cette dualité pour jouer Odile et Odette, Nina se jette corps et âme dans la danse, voulant à tout prix atteindre la perfection. Mais entre Thomas qui lui met la pression, une mère abusive et la possibilité d'une rivale, la soif de perfection de Nina pourrait bien avoir raison d'elle...


Après toutes ces éloges sur le film, je m'attendais à quelque chose d'exceptionnel, j'avais des attentes, et si ce film n'était pas le coup de coeur auquel je m'attendais, je ne dirais pas avoir été déçue, ce film a été comme une mini-claque, ce n'est pas un film qui s'oublie facilement. Pourtant, je ne suis ni familière ni intéressée par le domaine de la danse et des ballets, mais j'ai beaucoup aimé ce film. Toutes ces scènes de danse (que ce soit le spectacle ou les répétitions), sont magnifiques, remarquables, réalistes. Le choc des images, du son, de la musique, l'accélérations des plans, des mouvements... à couper le souffle ! Une très belle reprise, aussi, du spectacle du Lac des cygnes qui est une très belle histoire dramatique. L'histoire est basée sur une légende allemande, je crois. Le Lac des Cygnes, c'est l'histoire d'un prince qui, pendant la chasse, croise des magnifiques cygnes blancs qui se transforment, la nuit, en jeunes filles. Ces jeunes demoiselles sont victimes d'un sortilège d'un sorcier qui les fait se transformer en cygnes le jour pour ne redevenir femmes que la nuit. L'une de ces jeunes filles, Odette, retient l'attention du prince qui en tombe amoureux ; celle-ci lui confie que le sortilège peut être brisé par une déclaration d'amour éternel d'un jeune homme. Justement, un bal se prépare durant lequel le Prince est supposé choisir une prétendante, il pourrait donc choisir Odette et lui proclamer son amour. Le soir même du bal, le prince danse avec son aimée et lui déclare son amour éternel. Mais le sorcier lui avait tendu un piège : étant au courant du projet du prince, il décide d'y envoyer sa fille, Odile, déguisée en Odette, pour tromper le couple. Odette, en cygne, a assisté à la scène et s'est enfuie, malheureuse. Le prince la poursuit, voulant rattraper son erreur et lui réaffirme son amour ; selon les versions, Odette meurt dans ses bras et le prince la rejoint dans la mort, dans l'autre, le prince parvient à tuer le sorcier, brisant ainsi le sortilège, et épouse Odette.


Une très belle histoire pour un ballet qui se veut exceptionnel. Mais l'univers de la danse, s'il fait parfois rêver, est aussi un univers souvent impitoyable. Si la danse est tout l'univers de Nina, elle n'en sortira pas indemne. C'est une nature fragile, timide, qui vit chez une mère surprotectrice qui vit à travers sa fille qui réussit là où la mère a échoué, et qui est poussée à bout par Thomas, son chorégraphe qui la pousse à être une Odile parfaite : si elle peut incarner sans grande difficulté le cygne blanc, la douce et fragile Odette, sa nature timide l'empêche d'incarner Odile, la femme fatale, la séductrice. Et sa volonté de vouloir incarner les deux, sa soif de perfection lui causeront bien des torts [ automutilation, lente descente aux enfers, pour enfin s'abandonner dans les tréfonds de la folie : souvent victime de visions, d'hallucinations qui causeront sa perte puisqu'elle en meurt à la fin ]. En même temps, ces torts sont aussi des références, je pense, au spectacle du lac des cygnes. Nina étant le cygne blanc et Lily, sa rivale, le cygne noir. Nina est douce, fragile et Lily est une séductrice, et Nina, pour conserver son rôle, tentera de faire ressorti son côté le plus sombre pour incarner le cygne noir. Elle devra lâcher prise dans sa danse, changer son comportement... dans un sens, Nina est aussi sa propre ennemie puisqu'elle parviendra à jouer le cygne noir, mais cela ne sera pas sans conséquences. Elle va passer entre des phases effrayantes : entre la folie et le génie, sur la scène comme dans la vie. Elle s'oubliera complètement pour devenir une grande danseuse. A vouloir être une grande danseuse, Nina a été plongée dans ce monde froid, dur et impitoyable entre tensions, attentes, travail intense et rivalités.


L'intrigue était bien ficelée, je me suis souvent demandée si certaines scènes étaient réelles ou si c'étaient des hallucinations. C'était angoissant, prenant, avec de la tension et du suspense ! Nous avons aussi de bons acteurs, j'aime beaucoup Natalie Portman en tant qu'actrice mais ici, elle a été à couper le souffle, même si je sais qu'elle n'a pas tournée toutes les scènes de danse (chapeau, pour ses doublures ! tant au niveau de la ressemblance avec l'actrice qu'avec les scènes de danse !), Vincent Cassel a été très bien aussi, il a bien joué son personnage. La musique joue un rôle très important, la soundtrack et la musique reprise du ballet russe dont je retiendrais surtout la musique du final et A Black Swan (for Nina), c'est toute la force du film ! J'ai beaucoup aimé aussi les nombreuses références au Lac des Cygnes dans la vie personnelle de Nina, et au cygne en général [ Nina qui se transforme pratiquement en cygne, dans ses hallucinations ; Nina séduite par le cygne noir, Lily ] Bref, sans être un coup de coeur, j'ai passé un excellent moment avec ce film bien sombre, prenant, intense, particulier. Tout simplement magnifique et bien interprété !





 Nina (Natalie Portman) dans son interprétation d'Odile, le cygne noir.



Extrait/Citation :


"Perfection isn't just about control ; it's also about letting go."
- Thomas Leroy (Vincent Cassel) à Nina Sayers (Natalie Portman).